Invitée par l'organisation, la Française de 22 ans, qui dispute son premier tournoi du Grand Chelem, a fait tomber la numéro 3 mondiale Jessica Pegula, lundi, pour se hisser en quarts de finale de Roland-Garros.

Il n'y a plus de doute, c'est bien le tube de la quinzaine de Roland-Garros. Lois Boisson a signé un magnifique exploit sur le court Philippe-Chatrier, lundi 2 juin, pour éliminer l'Américaine Jessica Pegula au terme d'un scénario renversant en trois sets (3-6, 6-4, 6-4). Une performance d'autant plus remarquée face à la numéro 3 mondiale, que la Française de 22 ans était jusqu'ici une parfaite inconnue du grand public.

Une 361e mondiale qui dépoussière les statistiques

Première joueuse tricolore qualifiée pour les quarts de finale porte d'Auteuil depuis Caroline Garcia et Kristina Mladenovic en 2017, Lois Boisson était par ailleurs la seule non-tête de série des huitièmes de finale dans le tableau féminin, avec l'Américaine Hailey Baptiste (70e). Mieux, du haut de son modeste rang de 361e mondiale, elle est tout simplement la quart de finaliste la moins bien classée à Roland-Garros, depuis que les données sont compilées en 1986, selon le compte X Jeu, Set et Maths(Nouvelle fenêtre). Et ce, notamment car la légende Serena Williams s'était arrêtée en huitièmes après son retour de grossesse, il y a sept ans (451e).

Avant Lois Boisson, il faut remonter à 2002 et une belle percée de Mary Pierce (132e) pour voir une trace d'une invitée française se faire une place en quarts de finale du Majeur parisien. La native de Dijon est par ailleurs la plus jeune joueuse tricolore en quarts de Roland-Garros depuis la vainqueure de l'édition 2000 (19 ans en 1994). Autant de chiffres qui prouvent que Lois Boisson a largement rentabilisé sa wild card, avant de retrouver la Russe Mirra Andreeva (6e) au prochain tour. Une belle manière de rendre la pareille à l'organisation du tournoi, qui lui a permis de participer cette année, après avoir manqué l'édition précédente sur blessure.

Souvent gênée par les blessures

Classée 152e mondiale au mieux jusqu'ici, elle est en effet retombée dans les tréfonds de la WTA ces derniers mois en raison d'une rupture du ligament croisé du genou gauche survenue l'an passé, juste avant le Grand Chelem de la porte d'Auteuil. Pas une nouveauté pour cette joueuse, dont l'ascension a souvent été freinée par des blessures. Avant même son absence pour soigner son genou, ses pépins récurrents l'avaient poussée à changer sa routine, à l'origine d'une transformation au niveau musculaire.

"Pendant un an, je n’ai fait que du physique, ce qui fait que j’ai énormément progressé. J’ai des routines nécessaires pour me sentir bien physiquement et ne pas avoir de blessures stupides."Lois Boisson

à 20 minutes en avril 2024, avant sa blessure au genou

Revenue à la compétition en février dernier après une longue convalescence, la Française de 1,75 m a fait le plein de confiance en remportant le tournoi ITF W75 de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) début mai. Au point d'assurer ne pas être "surprise" par sa victoire au premier tour de Roland-Garros contre la Belge Elise Mertens, pourtant tête de série n°24. "Être là aujourd'hui, c'était loin d'être gagné d'avance, la victoire a un goût différent aujourd'hui", avait-t-elle alors confié en conférence de presse.

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Et pourtant, on a encore senti une certaine appréhension par rapport à sa jambe gauche lors de son troisième tour franco-français contre Elsa Jacquemot. "Cette douleur au genou, je la connais, elle ne m'inquiète pas pour la suite, mais elle m'a vraiment gênée, presque tout le match sauf à la fin où ça allait mieux. Je suis contente de m'en être sortie", disait-elle, victorieuse malgré un 6-0 encaissé dans le deuxième set.

Un caractère bien trempé et pourtant réservé

Avec un père ancien basketteur professionnel, elle est toujours suivie de près par sa famille. Peut-être est-ce aussi de là que lui vient son caractère bien trempé. "Dès huit ans, elle piquait des crises sur le terrain. Elle balançait la raquette aussi des fois parce qu'elle ne réussissait pas. Mais en fait, c'est parce qu'elle était tellement perfectionniste qu'elle ne voulait pas rater", raconte Patrick Larose, son formateur à l'ASPTT Dijon, auprès d'ici Bourgogne(Nouvelle fenêtre).

La joie de Lois Boisson, après sa victoire face à Elsa Jacquemot, le 31 mai 2025, à Roland-Garros. (DIMITAR DILKOFF / AFP)
La joie de Lois Boisson, après sa victoire face à Elsa Jacquemot, le 31 mai 2025, à Roland-Garros. (DIMITAR DILKOFF / AFP)

De quoi faire douter les sélectionneurs de la fédération, selon qui à l'époque "elle ne fera jamais rien parce qu'elle n'arrive pas se maîtriser, à contrôler ses émotions", dixit son premier coach. Celle qui est désormais licenciée au TC Nice Giordan s'est néanmoins accrochée, sûre d'elle et semblant se forger une sorte de carapace ne laissant que transparaître que peu d'émotions. "Je sais que certains aimeraient qu'elle soit plus expressive, mais elle gère ça comme elle veut", reconnaissait Florian Reynat, son entraîneur, auprès de L'Equipe(Nouvelle fenêtre) samedi. Après sa balle de match pour sortir Jessica Pegula, Lois Boisson n'a d'ailleurs pas affiché bien longtemps l'ampleur de sa joie sur le Central.

Un service jusqu'à 193 km/h et un coup droit dévastateur

Sa principale arme est indéniablement son coup droit, alliant un bel équilibre de puissance et de lift. Une technique perfectionnée après une déchirure à l'épaule survenue en 2022. "Il fallait, tout en gardant son explosivité, gagner en amplitude gestuelle et en fluidiité pour que la vitesse angulaire soit répartie sur plus de groupes musculaires", détaille son préparateur physique Sébastien Durand ce lundi, toujours dans L'Equipe(Nouvelle fenêtre).

  (DIMITAR DILKOFF / AFP)
(DIMITAR DILKOFF / AFP)

Un coup, façon Rafael Nadal, dont elle arrive à tirer sa quintescence porte d'Auteuil depuis le début de la quinzaine : elle est la joueuse avec le plus de coups gagnants de tous les tableaux (133 en quatre rencontres). Avec une mise en jeu kické et l'art de la glissade maîtrisé, elle tire profit d'une terre battue sur lesquelles ses balles - particulièrement fortes, en témoignent ses premiers services flashés jusqu'à 193 km/h - rebondissent mieux. "C’est la joueuse ultime de terre battue sur le circuit", juge même son agent Jonathan Dasnières de Veigy auprès de RMC Sport(Nouvelle fenêtre) ce lundi.

"Je n’ai jamais travaillé avec quelqu’un d’aussi professionnel, qui fait attention à tous les détails, qui a un degré d’exigence envers elle-même et envers les gens autour d’elle qui est assez incroyable", a-t-il ajouté. Des efforts qui vont désormais la voir remonter au classement WTA, pour figurer a minima autour de la 120e place, son record donc, après ces Internationaux de France déjà plus que réussis.